dimanche 5 avril 2020

Druide d'Oliver Peru - Ou quand Geralt de Riv joue les ambassadeurs

Genre : Fantasy/Médiéval
Année de parution : 2010
Edition : J'ai lu
Format : Poche
Nombre de page : 603

Série Complète


De quoi ça parle ?

1123 après le Pacte.

Au nord vivent les hommes du froid et de l'acier, au sud errent les tribus nomades et au centre du monde règnent les druides. Leur immense forêt millénaire est un royaume d'ombres, d'arbres et de mystères. Nul ne le pénètre et tous le respectent au nom du Pacte Ancien. Les druides, seigneurs de la forêt, aident et conseillent les hommes avec sagesse mais un crime impensable bouleverse la loi de toutes les couronnes : dans la plus imprenable citadelle du Nord, quarante-neuf soldats ont été sauvagement assassinés sans que personne ne les entende seulement crier.

Certains voient là l'oeuvre monstrueuse d'un mal ancien, d'autres usent du drame comme d'un prétexte pour relancer le conflit qui oppose les deux principales familles régnantes. Un druide, Obrigan, et ses deux apprentis ont pour mission de retrouver les assassins avant qu'une nouvelle guerre n'éclate. Mais pour la première fois, Obrigan, l'un des plus réputés maître loup de la forêt, se sent impuissant face à l'énigme sanglante qu'il doit élucider… Chaque nouvel indice soulève des questions auxquelles même les druides n'ont pas de réponses.

Une seule chose lui apparaît certaine : la mort de ces quarante-neuf innocents est liée aux secrets les plus noirs de la forêt


La chronique 


Je n’avais jamais entendu parler d’Oliver Peru ou même de son oeuvre avant Druide et dieu que ça été une bonne découverte. Découvert sur Livraddict, je me suis laissée tenté par les bonnes critiques, le postulat de base et surtout le fait que ce soit une one-shot. Les one-shot, dans le monde de la fantaisie c’est rare, assez pour le souligner en tout cas et, j’avoue, que me lancer dans des longues séries à rallonge m’effraie un peu (le temps, tout ça, vous savez).

Druide, donc, nous plonge dans l’histoire d’un (attention c’est incroyable dans 3, 2, 1) druide. Et…C’est le premier point fort du livre, selon moi. Il n’est pas rare de côtoyer des chevaliers, des magiciens, des mercenaires dans les univers de fantaisies et axer le roman autour du druidisme, de sa culture, de ses coutumes, j’ai trouvé ça vachement bien. Enfin, la figure du druide, dans ce livre, n’est pas forcément celle que vous entendez. On se rapproche plus d’un Geralt de Riv que dans Gandalf, même si on en rencontre au cours du récit. La société druidique, dans ce livre, est décrite comme une communauté vivant de façon totalement indépendante du reste du monde. Elle a son propre territoire et ses propres lois. Cette société se compose de plusieurs caste qui on chacun rôle prédéfini : les corbeaux conservent le patrimoine, les ombres surveillent, les cerfs protègent et les loups (comme notre héro) maintiennent le lien entre la forêt et le monde extérieur. Ils sont en quelque sorte les ambassadeurs de leur pays et sont les seuls habilités à quitter la mère verte. Obrigan, notre héro, est uns de ces loups.

J’ai trouvé l’univers très convainquant. On évolue avec des personnages qui sont conscients de leur monde et de ses règles et c’est très agréable. Souvent, dans les littérature de l’imaginaire, on passe par une longue face d’introduction à l’univers qui est parfois un peu fastidieuse : pas ici. Le monde est suffisamment riche tout en étant étroit. On ne s’éparpille pas sur des terres et des informations autres que celles qui servent le récit, ça donne à l’univers une consistance toute particulière qui rend le tout très… Vivant. Oui, c’est le mot : l’univers de Druide est vivant. On va, au fur et à mesure du récit, s'attarder sur les deux royaumes qui entoure la forêt. Ce qui est particulièrement appréciable, c’est que rien n’est manichéen. Chaque patrie à son linge sale à laver, de même que les personnages. Et les personnages, justement, il faut qu’on en parle.

Druide n’est pas un récit du bien contre le mal, c’est un récit humain. Chaque personnage est détestable autant que admirable, ils ont tous des défauts, des qualités et font le meilleur comme le pire tout au long du récit. Obrigan, par exemple, est un homme très droit, trop droit. Il est à la fois ouvert sur le monde comme totalement fermé de par le code d’honneur auquel il s’est soumis. C’est un personnage complexe, très réticent au changement et qui pourtant va devoir, par la force des choses, nuancer son monde, le rendre plus gris et c’est quelque chose d'insupportable pour lui. On aborde beaucoup la tolérance au changement dans ce livre, la difficulté à comprendre le monde ou plutôt à l’accepter comme il est. Un peu à l’image d’un enfant qui découvre que tout n’est pas aussi coloré, je vois dans Druide un message très optimiste et porteur d’espoir qui dit que, même si tout n’est pas rose, il y a quand même du beau dans le monde. Les personnages de Tobias et Kesher, aussi, sont adorables. D’un côté Kesher, le génie, beau, blagueur mais profondément droit et tourné vers sa famille de sève, de l’autre Tobias plus réservé, plus lâche mais héroïque et fort. La thématique de la famille, de l’amour filial est très présent également. La relation maître/apprentis qui s’apparente plus à une relation père/fils qu’autre chose est une réussite tant elle est touchante. J’émet un peu plus de réserve sur le personnage du roi du Sonrygar que je trouve plutôt en-dessous des autres personnages en terme de qualité d’écriture et de profondeur. C’est un peu la figure du roi conquérant, bon mais rancunier, il est censé être une figure d’importance avec Obrigan et Jarekson (le prince du Rahimir) mais fait plutôt pâle figure, je trouve, face à ces deux personnages.

Et, justement, Jarekson parlons en. C’est un coup de cœur sur tout les points. Un vrai crush ce personnage. C’est un personnage humain très troublant d’humanité, c’est un connard, touchant, détestable, adorable, fier, droit, brisé, fragile bref, incroyable. Toutes les scènes avec lui sont incroyables, juste Druide mérite d’être lu au moins juste pour ce personnage.

L’histoire est pleine de rebondissement, le récit est très biens construit, c’est loin d’être gnangnan, les personnages meurent, il y a une fin à la fois amer mais incroyablement belle dans l’espoir qu’elle apporte. Bon, c’est de la fantaisie adulte, le livre n’est pas pour les enfants : on a quand même des scènes de violence et une description de la mutilation plutôt osée, c’est quelque peu horrifique par certains passages, MAIS mais mais, je trouve que c’est le genre de roman idéal pour mettre un pied dans la fantaisie adulte, donc, vraiment, n’hésitez pas, jetez-vous dessus !

Ma note : 17/20

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