jeudi 9 avril 2020

Les extraordinaires et fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé, tome 2 : Avant le déluge de Raphaël Albert - Ou le chemin qui mène au Mal

Genre : Fantastique / Policier
Année de parution : 2011 (version 2018 dans mon cas)
Edition : Editions Mnémos (Hélios)
Format : Poche
Nombre de pages : 420 pages

Série en quatre tome (Complète)

De quoi ça parle ? 


Panam, dans les années 1880.
La ville est la capitale d'un vaste royaume où les humains côtoient des nains, ores, lutins et autres peuples fantastiques. Des motos à vapeur y doublent coches et centaures taxis. La magie très codifiée par des mages académiciens sert à la vie de tous les jours. Sylvo Silvain, un elfe exilé de sa lointaine forêt y a jeté l'ancre et ouvert une agence de détective privé. Le voilà enfin les poches pleines, à la tête d'une équipe haute en couleur. Les affaires tournent et l'argent fait des petits ! Nonobstant, son ami l'ambitieux journaliste Jacques Londres disparaît dans des conditions louches. Aidé de ses comparses, Sylvo se lance à sa recherche. Cette fois, le tragique et la Grande Faucheuse s'invitent.


La chronique 


Ça y est, Sylvo est un héro, Pixel une idole ! Après 50 années d'exil, des décennies de disettes, de ouïsk et de crédit dans tous les bars du coin, notre duo de détectives a enfin percé. Il aura fallut pour ça, sauver Panam d'une vague d'attentat, sauver les miches d'un Duc menacé d'assassinat, déjoué tout un réseau terroriste et retrouver el famoso chat de la mère Michel. Une aventure qu'on avait suivit au cours du premier tome de la série et qui n'est, au final, bien peu de choses en comparaison de celle que nous allons suivre ici.

Avant le déluge a été, pour moi, une claque. Si j'avais beaucoup aimé le premier tome, j'ai adoré le second. Enfin, adoré c'est même un peu léger comme terme. Avant le déluge est supérieur en tout à Rue Farfadet, on retrouve Panam, on retrouve son ambiance, ses personnages, son univers si particulier mais c'est bien plus appréciable, vif et bien foutu. C'est aussi vachement plus sombre. Parce que c'est le point fort de ce tome et de cette saga : on évolue. Rue Farfadet posait les bases d'une construction autrement plus ambitieuse. On découvrait le cadre de l'histoire, Panam, ses institutions, ses héros, ses zéros aussi (dont notre humble détective et sa luciole de poche). On découvrait Sylvo, elfe exilé, peu recommandable, profondément humain mais sacrément con aussi. En fait, Rue Farfadet c'était un peu l'élévation d'un gars pas tout blanc ni tout noir en un héro, c'était l'histoire, un peu banale dans son fond, d'une évolution. Avant le déluge, c'est l'histoire d'une chute. 

Pourtant, rien ne laisse présager de la tempête qui s'amorce. On arrive en terrain connu, une très très grande partie du tome reste dans la même lignée que le premier. Et puis, dans la dernière cinquantaine de pages, tout bascule, on se prend coup sur coup, rien n'est épargné, et on finit sur une fin qui hurle "LA SUIIIIITE". Et qu'elle fin. Mais parlons un peu du reste.

Avant le déluge est bon, perso j'ai été conquise, mais j'étais conquise bien avant le fin du roman. On retrouve donc Sylvo et Pixel, six mois après la Conjuration des Éléments. Nos deux héros sont désormais des célébrités, acclamés comme les sauveurs de Panam. Les affaires tournent bien, tellement bien que Sylvo a pu ouvrir sa propre agence et se constituer toute une équipe. 

Premier point positif : l'équipe. On retrouve Zerbï, un personnage introduit dans le premier tome, mais également deux nouveau loustics Hobo et Géomètre. Des réussites, vraiment. Je me suis beaucoup attachée à l'équipe, qui est loin d'être là pour faire jolie. Elle a son utilité tout au long de l'intrigue et permet, du coup, de mettre en place des choses beaucoup plus ambitieuses. C'est plus seulement Pixel et Sylvo, c'est l'agence ! Et, de mon point de vu, ça change pas mal de choses. Les enquêtes ont plus d'envergures, on couvre plus de terrain, sous différents angles. Ça donne une impression de... Plus grand ? Et chacun des membres de l'équipe à sa petite touche, son petit quelque chose qui le différencie des autres. Bref, on a pas seulement des PNJ en face de nous, mais des vrais personnages et ça fait plaisir. D'ailleurs, les personnages parlons en. Ce second tome nous en offre toute une nouvelle flopée de, ma foi, très bonne qualité. On aussi l’occasion de fréquenter de nouvelles races (ou d'en approfondir d'autres), les leprechaun, les lutins et les centaures notamment. Ainsi, on rencontre Philomène, Tobias, Graminée, Arsène Lutin (excellent celui-là), Mary et plein d'autres. On pourrait parler des heures de ces personnages, malheureusement trop en dire ce serait spoiler une bonne partie du livre et ce serait dommage. Des personnages forts, authentiques, avec des portraits de femmes très appréciables dans le cas de Philomène et Mary. Raphaël Albert sait construire des personnages féminin intéressants, pas cantonnés à un rôle plus secondaire et passif, ce qui ne serait pas très choquant vu le contexte historique de Panam et son époque. Mais non, et c'est un détail très appréciable. Outre ces nouveaux personnages, on approfondi bon nombre d'anciennes têtes ! Les Technomages dont on apprendra beaucoup, le duc Armest, Londres, central dans ce tome et Broons. Et que dire de Broons. 

Clairement le meilleur point. La relation entre Broons et Sylvo est la seconde intrigue principale du tome. On découvre un Sylvo plutôt bien remis des événements de Rue Farfadet et en progression par rapport à ses débuts. On comprend bien vite que, plus qu'à la célébrité, on doit cette évolution à Broons et l'impact très positif qu'il a sur Sylvo. C'est une relation père/fils, grand-frère/petit-frère, qui leur est chère. Broons, c'est un peu le symbole de la rédemption de Sylvo, la preuve qu'il est capable de faire les choses biens, d'être pas juste un gars minable. Broons, c'est un gamin qui se sent grand en présence de son héro. On découvre dans ce tome toute une thématique autour du pardon, du pardon qu'on se donne et du fait de s'autoriser à avancer. Toute une dimension contrebalancée par les rêves de Sylvo, nous entraînant un peu plus profondément dans son passé, nous présageant que le pardon ne tien qu'à un fil. Et c'est un peu ce qui ressort de ce tome, en vérité. Une avancée, dont on sent à un moment qu'elle est plus incertaine qu'on le pensait dans les premières pages. Le passé est juste derrière, l'orage menace et puis, d'un coup, le passé rattrape, submerge et la tempête éclate. Et c'est la force d'Avant le déluge. On a, en face de nous, une seconde intrigue, toute en nuance mais qui, laisse, ici et là, des signes de mauvais présages et puis, une première intrigue autrement plus classique entre complot, action, humour et drame. Première intrigue très réussit, beaucoup plus axée action que dans Rue Farfadet. Une enquête plus efficace que la première dans sa construction, agréable, haletante avec un final vachement sympa. Ça s'arrête, tu penses tenir ton épilogue et puis... BOUM, seconde intrigue qui revient en pleine face, cinquante pages avant la fin, pour te tenir en otage jusqu'au point final du livre. Là, c'est la chute. On s'enfonce loin, toujours plus loin dans le cauchemars. Plus tu avances, moins tu es à l'aise. Tu crois comprendre. Tu refuses d'accepter ce que tu crois comprendre. Puis la vérité finit par éclater, paf, une claque. Deux pages plus tard, paf, seconde claque. Le passé rattrape, submerge et la tempête éclate. On finit Avant le déluge, quand le déluge éclate. 

Alors, objectivement, on ne peut pas dire qu'on tien là une bonne fin. Non, c'est tout sauf bon. C'est violent, cru, on voit Sylvo, sa chute, et on se demande comment se relever quand le corps à heurter à 300 à l'heure le sol. Des haines tenaces, qu'on croyait oubliées, refont surfaces. La trahison involontaire, le déchirement. La fin d'Avant le déluge se termine sur la pluie qui éclate et une porte qui se ferme. On se demande alors, ce qu'on verra quand on ouvrira de nouveau cette porte. On se demande si le héro n'est pas mort. On se demande alors, si le chemin qui mène au Mal, ne commencerait justement pas là où la porte s'est fermée... Ou peu-être qu'on a commencé à l'emprunter bien avant le début de la pluie. 

Ma note : 19/20

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