dimanche 21 juin 2020

Prince Captif Tome 1 : L'esclave de C. S. Pacat - Ou Port-Réal est une ville sainte, au final

Genre : Fantasy/Romance
Année de parution : 2015
Edition : Editions Milady
Format : Grand Format Broché
Nombre de pages : 316 pages

Série en trois tome (Complète)


De quoi ça parle ?


Damen est un héros pour son peuple et le légitime héritier du trône d'Akielos. Mais lorsque son demi-frère s'empare du pouvoir, Damen est capturé, dépouillé de son identité et offert comme esclave au prince d'un royaume ennemi. Beau, manipulateur et létal, son nouveau maître, le prince Laurent, incarne ce qui se fait de pire à la cour de Vere. Mais dans la toile mortelle de la politique Vérétienne, les apparences sont trompeuses, et lorsque Damen se retrouve pris dans un jeu de pouvoir pour le trône, il doit s'allier à Laurent afin de survivre et sauver son royaume. Sans jamais oublier une règle vitale : cacher sa véritable identité à tout prix. Car l'homme dont il a besoin est celui qui a le plus de raisons de le haïr...


La chronique


Les trigger warning de Forbidden de Tabitha Suzuma étaient plutôt longs, ceux de Prince Captif vont être pire.  Que les choses soient claires tout de suite, ce premier tome, et de façon plus générale la saga, n'est pas à mettre entre toutes les mains. On est confronté, tout au long du récit, à de nombreuses scènes susceptibles d'heurter la sensibilité. Le livre est cru, tant dans son univers que dans son écriture, on aborde le viol et l'acte de fellation de manière très explicite par exemple. Outre cela l'univers de Prince Captif peut se relever problématique sur certains points, notamment sur son traitement de l'esclavage. En effet, dans certaines contrées que nous explorons au cours du récit, et par le biais de certains personnages, nous sommes confronté à une vision plutôt idéalisée et "noble" du statut  et de la vie d'esclave. De par mon éducation et mes origines, je ne suis pas familière avec l'histoire de l'esclavage et cet aspect, s'il m'a fait hausser un sourcil, ne m'a pas sorti du récit et rebuté pour autant. Cependant, je ne peux que comprendre que des personnes très sensibilisées sur le sujet ne puissent pas profiter de Prince Captif à cause de cet aspect. Bien que fictif, le message sous-jacent que transmet l'univers pose problème. L'esclavage est une norme qui n'est jamais remise en cause en tant que pratique, même de la part de notre héros. Ce qui est remis en cause, en vérité, c'est le traitement de l'esclave dans la principauté de Vere, pas l'esclavage en lui-même. On a aussi le droit à la présence de relations pédophiles dans le livre, mais aussi à toute une pratique du voyeurisme autour de la sexualité qui peut choquer. Ces avertissements étant distribués, nous pouvons passer à la chronique. 

Prince Captif, donc. Découverte sur la chaîne de Nina Quill puis un peut partout ensuite, cette saga a piqué ma curiosité de par son pitch de départ et surtout la façon dont il m'a été vendu : une romance homosexuelle entre hommes dans un univers de fantasy avec des intrigues de cours à la Games of Throne. J'ai longtemps hésité avant de l'acquérir, parce que je ne savais pas si j'étais prête à assumer une histoire où la romance avait une place aussi "lourde" (en général, en fantasy, ça me gonfle très rapidement, moins dans tout ce qui est univers contemporain bizarrement) et, bon, au final, comme d'habitude, j'ai un peu craqué, les trois tomes étaient en vente sur Vinted, je me suis dit "Oh, why not" et bim, me voilà avec la trilogie dans ma bibliothèque. Ce premier tome, donc, ça a été l'occasion de ma première entrée dans l'univers des MM (pour mâle/mâle soit en gros romance entre hommes). Jusqu'à maintenant, je n'avais lu des livres contenant de la romance homosexuelle (Prieuré de l'oranger, The Mortal Instruments, l'héritage des rois passeurs, etc.) mais jamais de livre tournant totalement autour de l'intrigue amoureuse (je ne sais pas si m'exprime bien, mais dans le Prieuré de l'Oranger, la romance homosexuelle si elle très pressante n'est pas l'attrait numéro 1 du bouquin, dans Prince Captif le plus gros intérêt de l'histoire est de voir comment la relation entre Damen et Laurent va évoluer). Et du coup, bah... Bah c'était plutôt positif comme expérience !

J'ai, en soi plutôt apprécié ma lecture de Prince Captif. J'avais peur que le côté romance soit l'excuse facile pour bâcler l'univers autour, mais en vérité j'ai été agréablement surprise de découvrir un univers cohérent et bien construit. Le monde de Prince Captif s'apparente à une société plutôt médiévale, mais là où c'est intéressant, c'est que chaque royaume (notamment celui de Vere et d'Akielos) tire leurs inspirations de civilisation bien différentes. On sent vraiment un réel choc des cultures entre chaque État et j'ai trouvé ça agréable, ça donne à l'univers une profondeur bienvenue et un côté pro. Nos personnages également, sont également bien construits, Damen et Laurent, notamment, sont justement dosés et j'ai été assez surprise de n'être agacée ni par l'un, ni par l'autre. Le récit nous offre deux héros très différents, Damen floué et arraché à sa patrie est une bombe à retardement, alors que Laurent est d'une nature moins explosive, d'une colère beaucoup plus calme, beaucoup plus meurtrière aussi. Nos héros sont loin d'êtres des enfants de cœurs, les deux sont, en quelque sorte, des monstres pour l'autre. C'est un bon point du livre, aucun des personnages n'est manichéen, chacun, à sa façon, à une part révoltante qui révulse. En dire plus seraient spoiler, mais je pense à un personnage en particulier, qui inspirait plutôt du respect jusqu'à qu'on découvre certains de ses penchants. La nature humaine est trouble, dégoûtante, j'ai beaucoup aimé qu'on est mis ça en avant, donnant ainsi à l'univers un aspect dur, hostile.

En matière de rythme, c'est bien foutu. Je n'ai jamais vraiment ressenti de longueurs ou de moments un peu en dessous, le tout s'enchaîne facilement, de façon fluide, ce qui rend la lecture plutôt sympa. Le style aussi est dans la même veine, la seule chose que je peux un peu reprocher au livre c'est l'omniprésence du sexe dans le récit. La faute en incombe à la société Vérétienne, particulièrement sensuelle où nombre de choses tournent autour du corps et des rapports charnels. Le souci, c'est que c'est très très présent jusqu'au dernier quart du récit et, parfois, très long. Je ne sais pas s'il était vraiment indispensable d'avoir une scène de fellation en direct, par exemple. On a parfois la sensation d'être dans une fan fiction porno d'un univers connu et, bon, ça fait rouler des yeux. Ce premier tome est trash, vraiment, et là encore je me demande s'il était nécessaire d'aller autant dans le dérangeant. Je pense que l'univers à suffisamment de force pour être prenant sans qu'on ait besoin d'en rajouter autant et vu la fin du tome un, j'espère qu'on s'éloignera un peu de cette tendance. 

Prince Captif n'est pas une mauvaise expérience en soi et à de nombreux points forts. Cependant, l'omniprésence de la sexualité et les nombreux thèmes qu'on aborde (parfois gratuitement) rendent difficile et pas spécialement abordable le livre pour une personne sensible. Je ne peux que vous renvoyer aux triggers warning en début de chronique, mais Prince Captif cumule nombre de sujets glissants et d'éléments dérangeants, aussi il faut mieux être préparé et savoir dans quoi on s'embarque avant de se lancer. En sachant un peu ce que j'allais y découvrir, j'ai tout de même passé un très bon moment et j'ai hâte de découvrir la suite des aventures de Damen et Laurent. Maiiiis, j'avoue, si on pouvait moins insister sur l'entre-jambe des personnages et un peu plus sur l'histoire ce serait plutôt sympa. Merci. 

Ma note : 15/20

1 commentaire:

  1. Je me rappelle avoir bien aimé ce premier tome, et encore plus les suivants. Même si, en effet, le sexe est très présent dans prince captif, les prochains tomes se centrent davantage sur la politique et la relation Damen/Laurent, du coup c'est beaucoup plus agréable à lire. J'espère que la suite te plaira ! =D

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