jeudi 16 juillet 2020

Dry de Neal Shusterman et Jarrod Shusterman - Ou, finalement l'alcool c'est pas de l'eau

Genre : Science-Fiction
Année de parution : 2018
Edition : Editions Robert Laffont (R)
Format : Grand format
Nombre de pages : 450 pages




Série complète (one shot) 

De quoi ça parle ?


Avez-vous déjà eu vraiment soif ?
La sécheresse s'éternise en Californie et le quotidien de chacun s'est transformé en une longue liste d'interdictions : ne pas arroser la pelouse, ne pas remplir sa piscine, limiter les douches... Jusqu'à ce que les robinets se tarissent pour de bon. La paisible banlieue où vivent Alyssa et sa famille vire alors à la zone de guerre. Soif et désespoir font se dresser les voisins les uns contre les autres. Le jour où ses parents ne donnent plus signe de vie et où son existence et celle de son petit frère sont menacées, Alyssa va devoir faire de terribles choix pour survivre au moins un jour de plus.

La chronique 


ALERTE COUP DE CŒUR : Il faut absolument lire ce livre.

Voilà. Maintenant que c'est dit avec une subtilité à toute épreuve : passons à la chronique. 

Cela faisait très longtemps que j'entendais parler de Neal Shusterman et de sa saga de la faucheuse. Malheureusement, je n'ai pas eu la possibilité de l'emprunter en bibliothèque cet été et me suis donc rabattue sur une oeuvre de sa bibliographie : Dry. Dry, ce n'est pas la première fois que j'en entends parler. La youtubeuse Tiboudouboudou en avait parlé sur sa chaîne pendant une update lecture et j'en avais entendu beaucoup de bien. Dry, c'est de la science-fiction : soit pas trop mon genre de prédilection, surtout quand sur la quatrième de couverture on m'annonce que c'est similaire à U4, U4 dont je garde une lecture de Stéphane très très mitigée (il faudra que je relise la saga pour me refaire une opinion définitive sur la série mais... Voilà, ça n'avait pas été fameux). J'étais donc le cul entre deux chaises, entre l'attente d'avoir une oeuvre, à la limite du post-apo, troublante et un roman teenage avec des personnages ultras agaçants. Autant vous dire que j'ai très vite penché du côté oeuvre post-apo troublante. Parce que c'est ce que Dry est : une oeuvre qui trouble, qui fait réfléchir, qui interpelle. 

Le contexte est tout bête : une pénurie d'eau courante en Californie. Pas de maladie qui ravage le monde, pas de gouvernements qui tombes, juste une pénurie d'eau qui s'étale sur une semaine... Et pourtant. Dry nous rappelle qu'il suffit d'un tout petit rien pour que tout s'écroule et que tout bascule. À l'heure du coronavirus et des confinements, ça n'en est que plus troublant. Si j'avais découvert cette oeuvre avant la crise que nous traversons, j'aurais sans doute trouvé l'escalade de la violence trop rapide, les comportements des gens invraisemblables, maintenant que nous sommes sortis du confinement et que nous avons pu tous assister à l'égoïsme, la violence et l'incivilité d'une partie de la population, je ne peux m'empêcher d'être troublée par le réalisme dépeint par le roman et, également, le voir comme un avertissement de ce que pourraient devenir nos sociétés en cas de crise de ce genre. Dry est loin d'être manichéen, il place juste le monde face à une situation de crise et si certains en profitent, on croise beaucoup plus le chemin de personnes qui, comme vous et moi, souhaite juste survivre et faire survivre leurs proches. 

Dry est un récit à l'échelle humaine, un peu comme Walking Dead, on se concentre sur les survivants et non sur la fin du monde en tant que tel. On suit le vécu d'Alyssa, son petit frère de dix ans, Kelton leur voisin survivaliste, Jacqui l'ado rebelle et rentre dedans et Henry le fils à papa. Quatre personnages, quatre enfants, en quelque sorte, puisque aucun n'a fini le lycée, qui se prennent tous cette pénurie dans la tronche et qui vont, par la force des choses, devoir affronter ce semblant d’apocalypse ensemble, malgré des caractères bien différents. J'ai énormément aimé nos personnages et les relations que les lient entre eux. Ici, point de petits oiseaux et de paillette, juste une réalité crue : celle de la survie. On ne se fait pas confiance, mais on se tolère et on travaille en équipe, on ne s'aime pas, mais on se respecte. Tout se fait dans l’intérêt de la survie du groupe sans pour autant oublier ses intérêts personnels. Je trouve que ça donne une dynamique très efficace au groupe et, surtout, une espèce de jeu de ping-pong dans les dialogues ultra-intéressants ! Les auteurs (parce que oui, c'est un livre à quatre mains) ont fait le très bon choix, selon moi, de découper le livre avec les différents points de vue des personnages. Le livre est composé de plusieurs parties, chaque partie contenant un ou plusieurs jours, chaque jour pouvant être considéré comme des chapitres. Au milieu de ces jours, on alterne entre le point de vue, de chacun de nos héros (à la première personne) offrant un changement de ton constant puisque chacun de nos personnages à sa propre vision du monde et des événements. 

Tout l’intérêt du livre tien a la désillusion de nos héros face au monde qui les entoure et la déconstruction d'un quotidien qu'on tient tous pour acquit. On va voir le meilleur, comme le pire au fil des pages, la survie rendant légitime des comportements qu'on ne tolérerait pas normalement. Le style est efficace, très accessible, simple, tout en étant incroyablement poignant. Je me suis surprise à plusieurs reprises à être en empathie totale avec le roman, j'étais en colère, bouleversée, euphorique, Dry est un livre qui ne m'a rien épargnée. Je vois ce roman comme une expérience, une expérience qui, dans mon cas, a été plus que concluante. Je pense que mon appréciation vient aussi beaucoup du contexte actuel, les événements de Dry font directement écho à ce que j'ai pu voir et ressentir durant la crise que nous connaissons. Je ne peux que vous conseiller de tenter, d'aller vers ce livre. Soit on y rentre, soit on reste totalement en dehors, mais je pense que dans l'un comme dans l'autre, ça vaut le détour !

Ma note : 19/20

1 commentaire:

  1. J'ai bien aimé ce livre aussi, bien que ça n'ait pas été un coup de cœur - pour le coup je l'ai trouvé un peu trop jeunesse à mon goût, par contre le thème est vraiment important !
    Et si tu ne connais pas, je te conseille beaucoup la saga la faucheuse du même auteur qui je pense pourrait te plaire ! =D

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