lundi 22 février 2021

Le Chaperon Rouge de Sarah Blakley-Cartwright - Quand le loup garou de thiercelieux rencontre une série Teenage

 

Genre : Fantastique/Romance/Horreur
Année de parution : 2014
Edition : Editions Michel Lafon (Poche)
Format : Poche
Nombre de pages :  322 pages

One shot

De quoi ça parle ?


Le village de Daggerhorn semble sommeiller au creux de la vallée. Depuis des générations, le Loup qui menace sa tranquillité est tenu à l’écart grâce à un sacrifice mensuel. Mais aujourd’hui, plus personne n’est à l’abri. Et la peur rôde…

Depuis la mort de sa sœur, la plus douce des jeunes filles, Valérie est inconsolable. Henry, le superbe fils du forgeron, tente de gagner ses faveurs, mais le cœur indompté de la belle bat pour un autre garçon : Peter, le bûcheron exclu du groupe, qui lui offre des escapades palpitantes loin du cocon familial.

Un beau jour, un chasseur de loups de passage dans la région fait une terrible révélation qui provoque la stupeur des villageois : la Bête qui les terrorise depuis des années vit parmi eux. Tout le monde devient suspect. Bientôt, on comprend que seule Valérie peut entendre la voix du Loup. Et celui-ci exige qu’elle le rejoigne avant que le sang coule… et que tous ceux qu’elle aime disparaissent.

La chronique 


Après une unième demande égoïste à ma petite sœur pour qu'elle choisisse mon prochain livre à lire, je me suis retrouvée avec le Chaperon Rouge entre les mains. Ce roman, c'est un peu une relique de ma bibliothèque, là depuis des années, jamais touché, parce qu'on ne va pas se mentir le combo "livre offert" + format poche + "retrouvé l'origine du film événement de cet été" + "14.7/20 sur livraddict" ne m'engageait pas dans de bonnes dispositions. Le résumer déjà, extrêmement classique, en dévoile beaucoup trop sur l'intrigue du livre (mais on va y revenir) et ne m'a pas poussé à attendre grand-chose de cette lecture que j'avais déjà, malgré moi, mis dans la case "petit roman teenage oscillant entre le sympa et le sans plus". Maintenant, le livre finit, je peux écrire que, de cette case, on en est pas loin. 

Le Chaperon Rouge, si je devais le résumer, c'est un peu comme-si les créateurs de Riverdale avaient fait une série sur le thème du loup-garou de thiercelieux. J'ai été plus que mitigée par cette lecture dont je n'attendais pas grand-chose. J'ai été agréablement surprise par certains points, mais affreusement agacé par d'autres. Mais commençons par le résumer : comme dit plus haut il en dévoile beaucoup trop sur l'intrigue du livre. Globalement, il résume la moitié du roman, ni plus, ni moins. Ce qui fait que toute cette première partie du livre est affreusement ennuyante puisqu'on sait déjà ce qui va s'y trouver. La mort de la sœur de Valérie ? Aucun impact, on sait qu'elle va mourir et, de ce fait, on ne s'attache que très peu à elle. Pourtant, sa mort ne survient pas dans les premières pages, bien au contraire. On a le droit au début du roman à de nombreuses scènes entre les deux sœurs et un joli aperçu de leurs relations. Idem pour la révélation du loup-garou. Outre que ce ne soit pas un chasseur qui fait la révélation, mais un homme de foi spécialisé dans la chasse de créature, on sait de par le résumé que "le loup est parmi nous". Encore une fois, ce qui devait être une révélation majeure du livre tombe à l'eau et n'a pas d'impact puisqu'on le sait déjà. C'est un détail, mais il a contribué à fortement gâcher ma lecture, sans doute mon appréciation du titre aurait été meilleure si une bonne partie des révélations n'avaient pas été faite dès la quatrième de couverture. 

Ce premier point passé, parlons plus spécifiquement du livre, de son histoire et de ses personnages. Il y a du suspense et l'autrice sait très bien le géré, c'est l'un des aspects positifs de ce roman. On ne peut pas nier que, jusqu'au dernier moment, on ne sait pas vraiment qui est le loup qui terrorise Daggerhorn. On laisse volontairement un doute sur plusieurs personnages, Henry et Peter en premier lieu, la grand-mère de Valérie qui semble en savoir plus qu'elle ne le dit, etc. À plusieurs moments de l'histoire, j'ai été prête à retourner ma veste ", c'est Peter, c'est sûr" pour au final me dire "Hm, serait-ce Henry ?" et pour finir par un "et pourquoi pas Valérie ?". Pour le coup, c'est très bien géré et jusqu'au dernier chapitre (non présent dans le livre mais c'est le point suivant) je n'étais pas certaine de qui était la bête. 

Justement, en parlant de ce dernier chapitre. Le Chaperon Rouge a une particularité, c'est que le dernier chapitre du livre est en réalité l'avant-dernier. En effet, passé la dernière page du récit, le livre nous invite à nous rendre sur une page web pour découvrir la véritable fin. Je peux comprendre l'aspect marketing derrière ce choix, mais je ne peux que le trouver bancal et préjudiciable pour le récit et son appréciation : je m'explique. À la fin du livre, on nous sous-entend que le loup est Peter. Le roman se termine sur une Valérie qui prononce son nom et parle de devenir "sa louve". Bref, une fin bateau, sans grand intérêt, on la laisse volontairement ouverte, mais pas trop, c'est d'un cliché, bref, c'est médiocre. Le problème était que le "vrai" dernier chapitre apporte une conclusion toute autre et nettement meilleure que celle fournie par le livre. En effet, ce dernier chapitre redistribue bon nombre de cartes et apporte une fin à la fois efficace, douce amer et surtout canon, bien plus agréable et mature que celle cliché à laquelle on a le droit en fin de roman. Le souci, c'est que cette fin n'est pas accessible. La page internet fournie par le livre ne fonctionne plus et il faut fouiller pour trouver ces dix dernières pages qui changent tout. Je trouve ça très maladroit, car en fonction de si on a pu lire la vraie fin ou pas, le Chaperon Rouge passe de "bof" à "aaah, c'était pas mal quand même!". Nombre de lecteurs ont pu passer à côté des dernières révélations, c'est dommage d'autant plus que ça ne rend pas justice à l'œuvre. 

Outre ce choix de découpage, d'autres points m'ont posé problème dans le récit. J'ai notamment eu du mal à apprécier la plume, car j'ai trouvé la narration quelque peu confuse. J'ignore si c'est un souci de traduction ou si le texte est similaire en anglais, mais Sarah Blakey-Cartwright à la sale manie de changer de point de vue de façon assez brutale, et ce, au cours d'un même paragraphe. Le récit est à la troisième personne, mais suit principalement le point de vue de Valérie, notre héroïne. Or, à certains moments, le point de vue change, on passe à Henry, Peter, voire même certains autres personnages secondaires comme celui de Claude, ou des amies de Valérie. Les paragraphes du roman sont parfois séparés par un petit marqueur que j'avais compris être une indication pour nous faire comprendre ce changement, cependant, il n'en est rien. Parfois, d'une ligne à l'autre, on change très rapidement de protagoniste sans que rien ne l'indique vraiment. On se retrouve donc avec une action parfois compliquée à suivre et c'est bien dommage. 

En ce qui concerne les personnages, c'est un peu, pour moi, le point noir du livre. J'ai eu très peu d'attache vis-à-vis du personnage de Valérie. On nous l'a présente comme une fille "à part", en dehors des normes, pourtant je l'ai trouvée plus que normale. On nous la vend comme une Mademoiselle Belle, incomprise de ses pairs de par ses excentricités, or Valérie est une jeune fille comme les autres qui à les mêmes réactions de jeune fille que ses amies et qui n'est pas pointée du doigt par le village. En vérité, Valérie m'a donné l'impression de s'exclure seule et de regarder les gens avec une certaine condescendance. Elle a notamment de nombreux jugements de valeurs vis-à-vis du personnage d'Henry et de sa richesse. De même, le personnage de Peter m'a très peu été agréable de par sa fierté mal placée et l'espèce d'immaturité dont il a pu faire preuve au cours du récit. L'histoire nous vend un triangle amoureux qui n'en est pas vraiment un puisque Valérie est entièrement dévouée à Peter, un ancien ami d'enfance disparu 10 ans avant le début du récit. De ce fait, et quand bien même le monde entier voudrait voir Henry dans le rôle du love interest de Valérie, il n'en sera jamais rien. Du coup, l'espèce de rivalité qu'entretiennent les deux hommes (qui a notamment le bon goût de prendre place à des moments où il y a tout sauf besoin de jouer à qui a la plus grosse) me semble de très mauvais goût et surtout injustifiée. De façon générale, l'intrigue amoureuse est laborieuse et peu intéressante. Ça va trop vite, les personnages ne partagent rien qui pourrait justifier ou apporter un peu de tendresse dans leurs relations. Bref, c'est extrêmement plat. 

Le Chaperon Rouge, n'a pas été une lecture extrêmement positive, cependant et malgré tous les défauts que je peux lui voir, je ne peux que reconnaître sa grande maîtrise du suspense et le potentiel derrière l'univers de Sarah Blakey-Cartwright. Je pense que le livre aurait gagné à avoir une quatrième de couverture plus floue et modeste ainsi qu'un peu plus de page pour laisser le temps aux relations entre les personnages de se développer. Le récit tien sur une poignée de jours, je suppose que ça n'aide pas non plus à la crédibilité de la romance, surtout quand les deux protagonistes ne se sont plus vu pendant dix ans. 

Ma note : 13/20


1 commentaire:

  1. C'est dommage tout ça... J'adore les réécritures de contes alors j'étais bien tentée par celle-ci, mais j'ai vu plusieurs avis mitigés donc je ne sais pas trop :/

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