mardi 21 avril 2020

Avatar: The Last Airbender: The Promise de Gene Luen Yang, Michael Dante DiMartino, Bryan Konietzko et Gurihiru - Ou la politique pour les nuls

Genre : Aventure, action, jeunesse, Bande-dessiné
Année de parution : 2012
Edition : Editions Dark Horse
Format : BD grand format
Nombre de pages : 80  pages


Série en trois tome (Complète)


De quoi ça parle ?


Après la fin de la guerre entre l'Avatar et la Nation du feu, Aang et ses compagnons œuvrent pour le retour à l'équilibre et à la paix. Dans cette optique, Zuko, nouvel empereur du feu, Aang et le souverain du Royaume de la Terre décident de lancer une grande opération de décolonisation de son territoire nommée "Mouvement de restauration de l'harmonie". Malheureusement pour Aang et ses amis, tout ne se passe pas comme prévu. Les conséquences d'un conflit centenaire revêt bien des visages et la peur qu'elle engendre fait bien des ravages. 




La chronique (de la série dans son entièreté)


J'étais une très très grande fan d'avatar, la série. J'ai beaucoup d'affection pour ses personnages, son univers, ses messages... Le genre de série intelligente et bien foutue, assez rare à l'époque, et qui manquent cruellement sur nos antennes aujourd'hui. Avatar, ça a été un phénomène, ça l'est encore aujourd'hui et on comprend aisément pourquoi quand on voit la qualité du titre. Aussi, j'ai longtemps boudé les bandes-dessinées rattachées à la série de peur d'être déçue ou de voir cet univers que j'aime temps et ses messages, totalement déconstruits. Hors, bah, de ces bandes-dessinées, j'en entend que du bien et comme le confinement laisse un peu de temps libre, j'ai osé franchir le pas. Comment vous dire que je n'ai pas été déçue ?

The Promise, reprend après la fin de la série. La guerre est finie, Zuko est devenu empereur, Katara et Aang sont ensembles, bref la paix est en marche. On observe l'après guerre, la transition d'un monde en guerre depuis un siècle, à un monde uni et en paix. Le ton y est plus adulte, mature. Si il y a des combats, ce n'est clairement pas le point central de la BD, au contraire même. On est sur des conflits beaucoup personnels, psychiques, moraux. Ce sont vraiment des luttes à deux échelles qu'on a dans cette première série et c'est très agréable.

Ici, Aang est un personnage secondaire. Son rôle est finit, l'ancien empereur est tombé et c'est aux autres de remplir leur part du marché en construisant un monde uni. C'est donc Zuko, qui est ici au premier plan. On découvre sa vie en tant qu'empereur de la nation du feu et, surtout, on découvre que son intrigue est loin d'être achevée. Et, sincèrement, je trouve ça cool. Parce que, en effet, on avait encore pas mal de choses à exploiter du côté de Zuko, sa mère, son rapport à la famille, rien n'avait réellement été réglés dans la série et je pense que ça va être un peu le rôle des BD de conclure ces arcs narratifs là.

Toute l'intrigue de The Promise découle d'une promesse faites entre Aang et Zuko. Si Zuko devient comme son père, menace la paix, Aang devra le tuer. Je trouve cet arc très très intelligent et bien foutu. Zuko est vraiment un personnage très intéressant. C'est un jeune-homme rongé par le poids d'une famille totalement dysfonctionnelle, avec une pression énorme et pas forcément choisie sur les épaules... Bref, Zuko n'a jamais été stable et, de façon légitime, on nous montre ce que le poids du pouvoir entraîne pour lui. Il a à cœur de bien faire, de trop bien faire même, tant et si bien que les dilemmes dont il est victime le pousse peu à peu dans une espèce de paranoïa qui nous fait craindre pour la suite. L'écriture des personnages est sublime ! Que ce soit Zuko et ses luttes intérieurs, Aang qui fait face aussi au poids de son propre rôle, l'héritage de sa culture, ce qu'il incarne non seulement en tant qu'avatar mais en tant que maître de l'air, etc. On retrouve avec bonheur Katara, Toph, Sokka, Suki et une galerie de nouveaux personnages, tels que les élèves de Toph, que je trouve plutôt attachants.

L'histoire est loin d'être en reste, ici, on se concentre sur la décolonisation du Royaume de la terre par la Nation du feu, on parle d'apatride, de patriotisme, les questions du droit du sol, de l'appartenance à un pays, à une culture, se posent ici avec beaucoup de justesse. Qu'est-ce qu'un citoyen de la Nation du feu, au final ? Qu'est-ce qu'un citoyen du Royaume de la terre ? Est-ce que ces frontières ont encore le moindre sens après 100 ans de colonisations et plusieurs générations ? Tout se cristallise avec le cas de la ville Yu Dao, première colonie de la Nation du feu, devenue au bout d'un siècle d'histoire le foyer d'un peuple hybride où maîtres de la terre et du feu se côtoient sans le moindre soucis. Ici, la décolonisation ne fait plus sens, car Yu Duo est le foyer des gens qui y habitent depuis des générations. Colons et habitants d'origines forment des familles au sens propre du terme et Aang et Zuko se retrouvent face à un dilemme : Appliquer bêtement la démarche de décolonisation et exiler les citoyens de la Nation du feu sur une terre pour laquelle ils n'ont aucune attache (en séparant des familles entières au passage) ou laisser les choses en l'état en mettant en péril la paix fragile fraîchement conclue avec le Royaume de la terre. Une guerre d'idéologie s'installe alors et c'est ce conflit qu'on va suivre pendant ces trois tomes. Sincèrement j'ai beaucoup aimé, je trouve ça bien et intelligemment mené, encore plus avec la conclusion. C'est une histoire riche, qui souffre parfois de quelques petites longueurs, je trouve, mais qui est très très agréable à lire.

Petit point négatif : le couple Aang/Katara, très très mielleux et qui fait un peu rouler des yeux mais rien de grave.

Par contre, la BD n'est accessible qu'à ceux qui ont déjà vu dans son entièreté la série. Je pense que l'histoire perd la majeure partie de son intérêt si on est pas déjà familier à l'univers d'Avatar et ces personnages.

Ma note : 16/20

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