lundi 6 avril 2020

Shikanoko, tome 1 : L'enfant du cerf de Lian Hearn - Ou qui a dit Majora ?

Genre : Fantastique/Médiévale japonais/ Aventure
Année de parution : 2017
Edition : Gallimard (Jeunesse)
Format : Grand Format Broché
Nombre de pages : 336 pages

Série en quatre tome (Complète)


De quoi ça parle ? 


Aux sources du Clan des Otori... Une épopée fantastique dans un Japon médiéval fascinant. Laissé pour mort dans la montagne, le jeune Shikanoko trouve refuge chez un sorcier qui lui fabrique un masque aux immenses pouvoirs magiques. Il devient «l'Enfant du Cerf». Il parlera aux fantômes et aux esprits protecteurs, il apprendra des hommes et des femmes les plus puissants, il connaîtra le raffinement, l'amour et les sentiments les plus purs, mais aussi la bestialité, la cruauté et les machinations politiques...


La chronique

 

Une fois n'est pas coutume, j'ai découvert Shikanoko au détour d'un rangement de livre en bibliothèque. Je ne savais pas Lian Hearn avait écrit une nouvelle série à la suite du Clan des Otori et je gardais un souvenir particulièrement positif de la saga. Je me suis donc plongée, très enthousiaste, de ce qui devait forcément être une nouvelle aventure incroyable dans le japon médiéval si cher à l'auteure et... Et bah ça a été une petite déception pour moi. 

Alors, sincèrement je ne sais pas si c'est les souvenirs qui biaisent un peu mon jugement, mais j'avais la sensation que le Clan des Otori était beaucoup mieux écrit, riche et prenant. Je garde vraiment des souvenirs très agréables de cette lecture, des personnages attachants et forts comme Kaede (dont je me souviens encore le nom malgré plus de cinq ans de lecture) et, du coup, je suis un peu désarçonnée par ce premier tome que j'ai trouvé... Assez brouillon. 

Shikanoko nous plonge dans un japon fantaisiste où la magie prend une place importante, presque primordiale dans le récit. On nous parle, nous montre même, des esprits, on rencontre des sorciers, assiste à des rites obscurs, etc. Je n'avais pas le souvenir qu'il y avait autant de "magie" dans le Clan des Otori, du coup j'ai un peu de mal à voir le lien "prequel" entre cette oeuvre et l'autre, mais bon passons. Notre personnage principal ambrasse totalement cet univers magique puisque, Shikanoko, est un espèce de sorcier. Il possède sur lui une relique magique sous forme de masque, apprend à lier des esprits, côtoie le monde des morts, etc. Bon, j'ai un peu de mal avec le monde que nous présente ici Lian Hearn, j'ai un peu la sensation d'avoir le cul entre deux chaises, entre un univers clairement définit comme magique (les sorciers sont connu, on a même notre antagoniste principal qui en est un. On a des animaux magiques, des reliques légendaires, des références aux forces occultes, des objets magiques, etc.) mais qui ne s'assume pas toujours. En vérité j'ai un peu l'impression qu'on confond occulte et magie ce qui donne parfois des moments où on se demande pourquoi, au nom de quoi, tel ou tel truc existent ou se passent. De même on accuse un vieillard d'être un sorcier et on manque de le tuer pour ça, mais à côté, on a un grand prête, connu de tous pour sa magie, qui règne oklm dans son temple et prépare coups d'états sur coups d'états... pourquoi ? Pourquoi le vieillard c'était "beurk, au bûcher !" et lui non ? Voilà, j'ai un peu de mal à définir les règles et le fonctionnement de ce japon tantôt très réel, tantôt très fantaisiste. 

Un autre point qui fâche un peu... Les personnages. Durant ce premier tome, on suit plusieurs personnages. Le livre est découpé un peu à la façon d'un Trône de Fer, on suit un personnage par chapitre. Ici on suivra Shikanoko (notre héro), Aki (vraisemblablement notre héroïne), Kiyoyori (un riche seigneur), Tama (sa femme) et le temps d'un chapitre Hina (leur fille) et Masachika (le frère ennemi de Kiyoyori). Le tout, bien sûr, accompagné de nombre de personnages autres, qui n'ont peut-être pas leur chapitre a eux, mais accompagne nos différents protagonistes et ont chacun, à leur façon, leur importance. On voit déjà le premier souci... Il y a BEAUCOUP, BEAUCOUP de personnages, peut-être même trop. Là où un Trône de Fer vous introduit 25 personnages mais a presque 900 pages pour, Shikanoko nous présente son casting de façon un peu expéditive, parfois, en moins de 400 pages et ça se ressent. Régulièrement, j'ai dû aller jeter un œil à la liste des personnages pour savoir qui est qui, qui fait quoi. Ça casse le rythme, sort de la lecture et j'ai passé plus de temps à me remémorer les noms et fonctions des protagonistes qu'à profiter de l'intrigue et c'est dommage. De même j'ai trouvé les personnages très peu marquants, celui de Shikanoko en premier lieu. J'ai eu beaucoup de mal à la voir comme le héro de ce premier tome, pour moi les personnages de Kiyoyori, Aki et Yoshi remplissent bien plus ce rôle. Beaucoup de choses tournent autour du domaine de Kiyoyori, de sa femme, de ses enfants et de son allégeance politique, tandis que Aki et Yoshi sont clairement les pièces centrales de l'intrigue. Yoshi est le jeune fils unique du prétendant au trône. Contrairement à ce que laisse présager le résumé, l'histoire de Shikanoko est une histoire d'héritage. L'empereur se meurt, le fils désigné pour lui succéder est menacé d'être évincé par un coup d'état dans le but de mettre son jeune-frère sur le trône à sa place. Quand le conflit éclate, Yoshi (âgé de sept ans) est évacué avec Aki, sa grande sœur adoptive, pour le sauver et ainsi garder l'espoir, qu'un jour, l'héritier légitime puisse remonter sur le trône. Shikanoko a un rôle assez secondaire, il rencontre les autres protagonistes comme Kiyoyori, Tama et Aki mais sans plus. J'ai beaucoup de mal à la voir comme notre protagoniste principal, d'autant plus que ses intrigues sont particulièrement secondaires dans le récit. Toute son histoire est expédiée assez rapidement et tout ce qui tourne autour de son domaine aussi. L'autre souci que j'ai avec lui, c'est bien la rapidité à laquelle on passe de son passé au présent. En un chapitre, on saute une année, année pendant laquelle Shikanoko manque de se faire assassiner par son oncle, perd son foyer, le domaine dont il devait hériter et finit par se faire abuser chez un vieux sorcier qui lui donne un masque magique avant d'être recruté par une bande de bandit.... Tout ça va beaucoup trop vite, ça fausse tout l'impact émotionnel des événements et Shikanoko m'est alors apparut comme un perso hyper plat, qui n'a aucune conscience des événements, qui se fait ballotter dans toutes les directions mais accepte tout ce qui lui arrive en mode "meh, ok". Et,... Non, c'est trop dommage parce que du coup j'ai peu d'empathie pour lui et ses problématiques. Et, quand, en fin de roman, il est confronté à la puissance du masque qui le manipule et le pousse à commettre des actes ignobles, je ne suis pas touchée par sa honte ou sa colère. C'est plat, très plat et c'est vraiment, vraiment le point noir de ce premier tome pour moi. 

L'intrigue est brouillon, on a parfois du mal à se rendre compte du temps qui passe, idem on passe de bond dans le temps à bond dans le temps et parfois on s'attarde longtemps sur quelques minutes, je me suis perdue plus d'une fois et c'est plein de petits détails, comme ça, qui font que je suis restée très en dehors de la lecture et ça me fait mal de le dire parce que j'avais beaucoup aimé le travail de Lian Hearn jusque-là. 

J'aimerai continuer cette série, pour m'en faire un avis plus globale et objectif, on peut ne pas aimer un premier tome et adorer le second, j'ai envie de laisser sa chance au nouvel univers de Lian Hearn, mais pour ça faudra attendre la fin du confinement.

Ma note : 13/20

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