dimanche 5 avril 2020

Son corps et autres célébrations de Carmen Maria Machado - Ou comment brasser le thème de la femme en 10 leçons

Genre : Recueil de Nouvelle/ Fantastique / Drame
Année de parution : 2019
Edition : Editions de l'Olivier
Format : Broché
Nombre de pages : 320 pages

Série complète


De quoi ça parle ? 



Un ruban vert autour d’un cou est un détail qui a de quoi intriguer, surtout quand la femme qui le porte refuse qu’on y touche, y compris son mari. Que cache ce refus ? Ce ruban est-il une métaphore, un symbole, ou bien plus concrètement la marque d’un danger qui rôde ? Voilà le genre d’histoires que renferme Son corps et autres célébrations. Les relations entre hommes et femmes, et le rapport des femmes à leur propre corps, sont au cœur de ces nouvelles qui ont fait l’effet d’une petite bombe lors de leur parution aux États-Unis. On y croise des femmes qui font l’« inventaire » de leurs amant(e)s alors qu’autour d’elles, un fléau ravage les États-Unis, d’autres qui découvrent avec effroi les secrets d’une boutique de robes, ou qui ont de (très) mauvaises surprises après une opération visant à perdre du poids. Les nouvelles de Carmen Maria Machado ne sont d’aucun genre : tour à tour fantastiques, fantaisistes ou proches de la science-fiction, elles préfèrent le trouble à la certitude, l’ombre à la clarté. Elles partagent cependant une ambition commune : dire la réalité de l’expérience des femmes et la violence qui s’exerce sur leurs corps. Mais aussi, et surtout, leur désir.


La chronique 



Son corps et autres célébrations, c'est une lecture imposée. Dans le cadre de ma licence pro, on nous a demandé de piocher un titre dans une liste, avec pour thème central la femme, de le lire et d'en faire un coup de cœur. Seulement, voilà, difficile d'écrire un coup de cœur quand coup de cœur il n'y a pas. 

Ce genre de livre, on ne va pas se mentir, ce n’est pas trop ma tasse de thé. Le féminisme est un sujet qui me touche particulièrement étant moi-même une femme et comme beaucoup de jeune-femme dans le monde, je me sens concernée par la thématique du corps, du plaisir, du respect de la femme, de sa sexualité, de ses ambitions, etc. Je suis cependant assez frileuse sur les lectures traitant de ce thème parce que je craint particulièrement le discours légèrement radical que peuvent avoir certains auteur(e)s et militant(e)s autour de cette cause. Je considère que chaque femme a des droits qu’il faut respecter : le droit de vouloir être mère et de s’épanouir dans ce rôle, le droit ne pas le vouloir, le droit de se sentir naturelle et femme en se maquillant et se faisant très coquette, le droit de se sentir naturelle et femme en ne le faisant pas, le droit de s’épiler intégralement le sexe, le droit de ne pas s’épiler du tout, le droit d’aimer séduire et d’être séduite comme le droit de ne pas aimer du tout, etc. Aussi, en ouvrant ce livre traitant du corps de la femme : j’avais peur de tomber dans un discours très radical, anti-homme, très dans la femme provocatrice, forte, qui se doit d’assumer ses poils, d’assumer sa sexualité alors que je pense que chacun est libre ou non de le faire et que l’acte d’assumer est une question de sensibilité personnelle qui ne se conteste et ne se critique pas. J’ai été donc plutôt rassurée au cours de ma lecture. 

Carmen Maria Machado a une plume très délicate, presque poétique je trouve. C’est très doux tout en passant des messages forts, parfois brutaux. J’ai beaucoup aimé cet côté “coup de poing dans la douceur” qu’elle impose à la fin de ses nouvelles, notamment la première, celle du Ruban, qui m’a juste mise à terre dans sa fin. On aborde énormément de problématiques au cours du livre et j’admire vraiment la diversité des récits de l’auteur. On passe du drama fantastique, a du post-apo et j’en passe. C’est super diversifié tout en restant très sur l’humain, tout de même, parce que c’est un peu le thème central du livre, l’humain, la femme. J’ai également beaucoup aimé les différents portraits de femmes que nous peints l’auteure, je n’ai pas forcément été séduite par toutes (je trouve, par exemple, la première femme que nous suivons plutôt froide, vide) mais il y a une diversité de personnages très appréciable et je n’ai noté aucuns faux pas, aucun portrait ne m’a mis mal à l’aise et ça a beaucoup soulagé ma lecture de me rendre compte que j’étais entre les mains de quelqu’un qui parlait avec bienveillance de femme et de corps. Nos héroïnes ont une vie sexuelle joliment écrite, qui ne tombe pas dans le trash et gore parce que “omg une vraie femme elle baise et elle est indépendante” (ne rigolez pas, c’est un vrai discours que j’ai entendu) et qui dépeint notamment dans sa première nouvelle une sexualité dans le couple que je trouve pas trop mal foutu (même si le thème du consentement et du droit au secret et à l’intimité est quelque peu le centre de cette nouvelle). 

Malheureusement, je ressors quelque peu mitigée de cette lecture. Je pense que cela vient aussi du fait que j’ai été “forcée” de lire ce livre dans un temps imparti mais pas que. La diversité des récits est autant un point fort qu’un point faible. J’ai adorée certaines nouvelles comme totalement détestée d’autres. J’ai trouvé, par exemple, celle des vêtements plutôt passable et celle autour de la série quelque peu discutable en terme d'intérêt. Ce livre ne m’a pas transcendé mais plutôt rassurée sur pas mal de point. J’aimerais bien voir l’auteure dans un roman beaucoup plus dense sur ce thème, car je pense que ça ne pourrait faire qu’un bon livre.

Ma note : 14/20

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